Dans un changement inattendu de politique, mon entreprise a récemment décidé d’imposer la prise de l’intégralité des congés (42 jours, RTT inclus) pendant ses périodes de fermeture, à savoir la deuxième semaine des vacances scolaires. Après des années de flexibilité, ce changement soudain soulève des questions importantes sur l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
En tant que parent séparé, cette décision m’affecte particulièrement. Avoir mon fils une semaine sur deux est déjà un défi en soi, mais ne pas pouvoir profiter pleinement de sa présence pendant mes périodes de congés représente une perte précieuse de moments familiaux. C’est d’autant plus frustrant que je bénéficie d’un nombre conséquent de jours de congés qui, paradoxalement, ne peuvent plus être utilisés pour renforcer ces liens mère-fils qui me sont si essentiels.
De plus, pour ceux d’entre nous ayant un jugement concernant la garde des enfants, les possibilités de flexibilité sont encore plus restreintes, car nous ne pouvons pas modifier le planning de garde à notre convenance. Celui-ci suit un rythme fixé par la justice, et les semaines de garde varient en fonction de ce calendrier. La rigidité des congés imposés entre ainsi en conflit direct avec les arrangements légaux de garde, ce qui complique encore davantage l’organisation de la vie familiale.
À cela s’ajoute la difficulté de devoir demander à effectuer des heures supplémentaires pour pouvoir disposer de quelques heures dédiées à des rendez-vous médicaux ou à d’autres imprévus. Il est dommageable de devoir effectuer des heures supplémentaires, surtout lorsqu’on considère le nombre de jours de congés dont nous disposons.
Certes, il a été fait preuve de souplesse en nous accordant quatre jours dits de « souplesse », mais sur un total de 42 jours, cela reste limité. Bien que quatre jours soient mieux que rien, cela ne suffit pas à établir un équilibre équitable entre les nécessités professionnelles et les impératifs personnels, créant un décalage évident entre les attentes des salariés et les contraintes imposées.
Cette situation met en lumière les défis particuliers auxquels font face les familles monoparentales dans le monde du travail. Cependant, il serait réducteur de limiter cette problématique à notre seule situation. De nombreux autres salariés se trouvent également impactés :
- Les couples dont les conjoints ont des calendriers de congés différents
- Les parents dont les enfants ne suivent plus le calendrier scolaire
- Les salariés ayant des obligations familiales particulières
On nous répondra que notre activité est liée au calendrier scolaire. Je suis assistante, et même les secrétariats administratifs des établissements scolaires n’ont pas les mêmes congés que les enseignants.
Si j’ai décidé d’écrire aujourd’hui, c’est parce que cette situation ravive la douleur de ne voir mon enfant qu’à mi-temps, un sentiment qui s’apparente à une peine supplémentaire. J’ai bien conscience que ce mal-être est personnel et qu’il m’appartient de le gérer. Il reste à voir, sur le long terme, si ce malaise persistera, si des aménagements seront envisageables, si le calendrier finira par m’être plus favorable, ou bien si je devrai sérieusement prendre en compte cette situation qui pèse sur mon quotidien et impacte, plus largement, ma motivation professionnelle.
J’avais également l’opportunité de passer du temps, voyager, avec mes amies ayant un emploi du temps de garde similaire au mien. Or, cette nouvelle organisation perturbe également mes relations sociales, ce qui affecte davantage mon équilibre personnel. Cette règle a désormais pénétré ma sphère intime, modifiant non seulement ma vie familiale, mais aussi mes interactions sociales.
Face à ce genre de dilemme, il est essentiel de chercher des solutions pratiques pour mieux concilier vie professionnelle et familiale, particulièrement pour les parents séparés. L’une des premières démarches pourrait être de discuter avec les ressources humaines ou les représentants syndicaux pour explorer des options de flexibilité des congés, comme la possibilité de fractionner les jours de congé ou de les déplacer en fonction des semaines de garde.
En parallèle, la mise en place de « jours de congé à la demande », qui permettraient de répondre à des situations imprévues, serait un pas vers un équilibre plus juste. Pour les parents avec des jugements de garde, une meilleure prise en compte de ces réalités dans les plannings de l’entreprise pourrait aussi alléger les tensions.
Enfin, il est crucial de sensibiliser les employeurs aux défis uniques des familles monoparentales et de promouvoir une culture d’entreprise plus inclusive et souple, qui respecte les impératifs personnels sans compromettre la performance professionnelle.
Ce sont ces ajustements qui, petit à petit, peuvent améliorer la qualité de vie de ceux d’entre nous confrontés à ces enjeux quotidiens.