A mon Titou…
Parent en garde alternée, c’est vivre les montagnes russes émotionnelles. Les drames des séparations, les joies des retrouvailles. La fierté des victoires, la peur de l’inconnu. C’est faire face à sa solitude extérieure mais aussi intérieure.
Une semaine sur deux, on gère un quotidien sans relais, c’est toute notre énergie qui est sollicitée et parfois nous restons en alerte sur les « choses à ne pas oublier » quand ce n’est pas notre semaine de garde, juste parce que c’est notre rôle de parent.
On jongle avec notre culpabilité omniprésente d’offrir une vie tronquée à nos enfants. Coupable aussi de ne pas être assez fort(e), assez riche, assez parfait(e). Notre séparation a creusé un trou dans notre coeur et un fossé dans notre porte-monnaie. Il y a beaucoup de privations et de frustrations chez les parents solos. Les projets restent à court ou moyen terme, il n’est plus possible de se projeter sur du long terme, parce qu’on l’a appris à nos dépends, la vie peut tout chambouler du jour au lendemain. Il faut du temps pour se relever, du temps pour se reconstruire, du temps pour [re]faire confiance, du temps pour y croire encore, du temps pour aimer à nouveau.
Etre un parent solo et-ou en garde alternée, c’est être en deuil. En deuil de sa relation de couple mais aussi en deuil de la vie de famille rêvée ; celle pour laquelle on avait tant d’espoirs, tant de projets. Et un deuil, ça peut être long. Chacun(e) le vit à son rythme, suivant son histoire et son parcours de vie.
On vit au jour le jour, on essuie une défaite, on savoure une victoire. Et puis au fil du temps, le cheminement commence à être plus doux, moins souffrant. On connait le prix du bonheur ! Alors on s’en délecte quand il est là. Il est éphémère le bonheur, il s’en va, il revient. On ne le retient pas, on le laisse aller et venir, mais surtout on ne le rate plus quand il se donne à nous, quelques jours, quelques semaines, quelques heures. Désormais on sait qu’il est le chemin et non le but. Pis, on le reconnait dans les petits plaisirs simples du quotidien, là où avant il était caché.
Mais vous savez quel est le plus grand bonheur des parents solos et-ou en garde alternée ? C’est le TEMPS, celui que l’on considère souvent comme notre ennemi, mais par là j’entends le temps de QUALITE qui nous est accordé avec nos enfants. C’est une relation particulière qui se tisse, pour peu que la garde alternée ait commencé tôt. Un lien fort se crée dans l’adversité. Le parent et l’enfant subissent un traumatisme plus ou moins important au moment de la séparation et c’est ensemble que nous pouvons surmonter cette épreuve. Les enfants nous apportent la force et la résilience nécessaires pour avancer. A nous de les soutenir, de les accompagner et de les réconforter dans cette transition délicate, en tentant de les protéger des conflits d’adultes qui doivent leur être épargnés à tout prix ! On leur doit bien ça !
Etre parent en garde alternée, c’est retrouver sa place de femme ou d’homme à part entière, il nous est donné le temps et la responsabilité de prendre soin de nous pour pouvoir prendre soin d’eux !
9 ans. 9 ans que cette vie est la mienne. C’était hier et si lointain à la fois. Je suis la même et pourtant si différente. Je suis riche de tout ce que j’ai traversé. Les joies sont INTENSES, les peines sont passagères.
Mon rôle de maman que j’affectionne tant, a toute sa place même à mi-temps.
Je vous souhaite de trouver la vôtre.
« Ce qui enchante un enfant, c’est le bonheur dans lequel il baigne. Si vous souhaitez son bien-être. Travaillez à vous rendre heureux. »
Boris Cyrulnik