L’Unaf, en partenariat avec le centre Max Weber de Lyon, a soutenu une étude inédite menée par Emmanuelle Santelli, Directrice de recherche au CNRS, sur les causes des séparations, intitulée « Séparations : Des origines à la décision, analyse d’un processus« . L’étude s’intéresse à un sujet rarement abordé : les raisons profondes des séparations. Traditionnellement, les recherches se concentraient sur les conséquences des séparations, mais cette enquête a mis en lumière l’importance d’explorer les causes et le processus de rupture.
L’étude a utilisé une méthodologie originale, en interrogeant des ex-couples, à la fois les membres du couple séparé et des professionnels de l’accompagnement des séparations. Cette approche a permis de mieux comprendre les incompréhensions et désaccords entre conjoints.
Un des constats majeurs de la recherche est l’enfermement dans des rôles sexués au sein du couple. Malgré une volonté d’égalité, les femmes continuent de porter une charge disproportionnée des tâches domestiques et parentales, ce qui génère fatigue et mécontentement conjugal. Les hommes, quant à eux, sont souvent enfermés dans un rôle de pourvoyeur financier, ce qui nuit à leur implication émotionnelle et familiale. L’arrivée des enfants exacerbe ces tensions, notamment à cause des divergences dans les attentes parentales.
De plus, l’enquête montre comment les facteurs socio-économiques, tels que les pressions liées à la consommation et aux normes parentales, influencent négativement les couples. La nécessité d’un investissement professionnel élevé pour assurer le bien-être matériel et la gestion des finances laisse peu de temps pour la relation conjugale ou l’éducation des enfants. Cette répartition inégale de la charge de travail et la course contre le temps peuvent aggraver les tensions au sein des couples.
Pour l’Unaf, cette recherche met en évidence que les séparations ne sont pas uniquement un phénomène intime, mais qu’elles sont aussi influencées par des facteurs sociaux, économiques et politiques. Il est donc nécessaire que les politiques publiques, le monde du travail et les associations prennent des mesures pour soutenir la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. Cela inclut, par exemple, la mise en place de politiques favorisant une plus grande égalité entre les parents, comme un congé parental mieux indemnisé, et un meilleur accompagnement des couples par des conseillers conjugaux et des médiateurs familiaux. L’Unaf plaide ainsi pour une évolution des modèles conjugaux vers plus d’égalité, soutenue par des droits sociaux adaptés aux réalités familiales.